« Le crucifié », d’Alexandre Kulisiewicz (Alex Alicouli)

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Alexandre Kulisiewicz (qui utilisa comme pseudonyme Alex Alicouli) est né en 1918 à Cracovie d’une famille d’origine tzigane. Il sait à peine lire que déjà il joue du violon, et à dix ans s’intègre à un orchestre professionnel. Mais un accident malheureux – il se brûle trois doigts de la main gauche – met un terme à sa carrière d’instrumentaliste. Il devient alors siffleur virtuose, spécialité très appréciée à l’époque, qui l’amène à se produire dans toutes les grandes villes d’Europe.

À la veille de la guerre, et parallèlement à son activité artistique il devient responsable de la presse au bureau de la « Fédération de la Jeunesse Démocratique » d’où il lance un prophétique appel à la paix. Il ne sera pas entendu.

Peu de temps après la conquête de la Pologne par l’Allemagne en 1939, il fut arrêté et emprisonné par la Gestapo pour des écrits antifascistes publiés dans un journal étudiant et un hebdomadaire, « Cieszyn ». A 22 ans, après plusieurs transferts de prisons et des épisodes de torture aux mains de la Gestapo, il est déporté à Sachsenhausen au printemps 1940 (Nord de Berlin).

 
Six ans d’horreurs. Entre autre, en 1943, dans le cadre de leurs « expériences scientifiques », les nazis pratiquent sur Kulisiewicz, à plusieurs reprises, des injections de cultures diphtériques. Il faudra l’intervention clandestine des camarades médecins du « Revier » – « l’hôpital » du camp – pour en neutraliser le développement fatal.
 

À Sachsenhausen, Kulisiewicz est devenu une sorte de « troubadour de camp » – un poète, joueur et auteur-compositeur Son audace lui a valu le surnom polonais de Kiciu bimbuś, « le chat insouciant », qui fait allusion à la fois à son intrépidité et à son chant habituel.

 
Ses chansons, interprétées lors de rassemblements secrets, ont aidé les détenus à faire face à leur faim et à leur désespoir, ont remonté le moral et soutenu l’espoir de survie.
 
Kulisiewicz considérait la chanson du camp comme une forme de documentation. Durant sa captivité, il a composé plus de 50 chansons et d’innombrables poèmes. Bien plus, il s’est forcé à apprendre par cœur les compositions et les chants qu’il entendait de la part de ses compagnons d’infortune. Après 1945, il s’emploiera à retranscrire plusieurs centaines de ces compositions.
 
La musique et les paroles  du « Crucifié »ont été écrites par Kulisiewicz pendant son emprisonnement à Sachsenhausen. Les paroles ont été composées à l’origine en polonais et la pièce s’intitulait « Ukrzyzowany 1944 ». Par la suite, elle a été traduite en français. Elle a été inspirée par une histoire rapportée à Kulisiewicz par des membres de la résistance française à leur arrivée à Sachsenhausen, à propos d’un événement qui a eu lieu à Presles, en France (près de Nice) à l’été 1944. Selon leur récit, les Allemands ont pris d’assaut un refuge de la résistance dans cette ville, où ils ont trouvé et torturé à mort un garçon de trois ans.
 


Le 1er juillet 2023, à Cracovie où il réside, Christof Kulisiewicz, le fils d’Alexandre Kulisiewicz, a donné à la fondation ILMC l’original de la partition « Le crucifié ».

Grand moment de joie, d’émotion et d’honneur pour nous !

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