Mémoire Musicale des camps est une association (loi de 1901) dont l’objet est de
- Retrouver, collecter, archiver et diffuser les productions artistique, musicale, instrumentale et théâtrale faites en captivité, détention et déportation en prisons civiles et militaires, camps de concentration et d’extermination par des détenus, entre la création des camps de regroupements de Républicains espagnols et la fin de la seconde guerre mondiale.
- L’association se fixe prioritairement comme cibles de recherches les compositions faites par des prisonniers de guerre français, belges et en général francophones (par exemple de l’Afrique et du Canada francophones), mais aussi les compositions de prisonniers politiques français ou étrangers (par exemple ayant fui le fascisme, le nazisme ou le stalinisme…) ou persécutés en France ou en Belgique en raison de leurs origines dites « ethniques » ou « raciales » ( juifs, Tziganes…) ou de leur orientation sexuelle.
- Eventuellement, s’il s’avère que la matière existe, le champ de recherches sera étendu aux camps de regroupements de « Harkis » établis en France après l’indépendance de l’Algérie (1962).
- L’association entend redonner naissance, vie et notoriété à ces musiques par :
- Un travail de recherche dans les bibliothèques, musées, archives, en France et à l’étranger
- Un travail de recherche dans les archives et documents privés auprès des familles, des descendants et des ayants-droits des compositeurs de la musique des camps.
- L’achat de partitions, enregistrements sonores, photographies, photocopies de ces compositions auprès d’institutions publiques et privées, de particuliers, de maisons de ventes aux enchères
- La conservation et autant que faire se peut, l’enregistrement et la représentation publique de ces musiques des camps.
« Authentique Patrimoine de l’Humanité, la musique des camps est l’un des héritages les plus significatifs de l’Histoire reçus du phénomène des déportations : un signe tangible du fait paradoxal que là où il n’y a pas de liberté mais où il y a du papier et des instruments de musique, ceux-ci deviennent instruments de liberté.
Nous n’avons pas pu sauver la vie des femmes et des hommes morts dans les camps. Beaucoup de prisonniers de guerre ayant composé en oflag ou stalag n’ont pas publié leur musique.
nous travaillons à sauver leur musique et c’est la même chose que d’avoir sauvé leur vie au sens métahistorique et métaphysique. Ce que nous devons faire maintenant, c’est redonner à l’Humanité accès à cet héritage écrit sur tout type de support matériel, comme des cahiers, du papier toilette, des télégrammes, des cartes postales, des sacs de jute, ou même transmis par la mémoire, afin qu’il retrouve la place qu’il mérite dans l’histoire de la musique ».
Aujourd’hui la « Fondazione Istituto di Letteratura Musicale Concentrazionaria » a recueilli 12.500 documents de production musicale réalisée dans les camps (microfilms, journaux intimes, carnets de musique, enregistrements, entretiens avec des musiciens rescapés) et réuni ou produit trois mille publications universitaires, essais musicaux …
La recherche est d’abord d’une recherche documentaire, dans les archives, mais surtout auprès des familles, des détenteurs de ces précieux témoignages d’un art empreint d’humanité. C’est une collecte qui n’est jamais achevée car il reste encore beaucoup de musique à découvrir chez les musiciens des camps encore en vie (de plus en plus rares) ou leurs descendants ; un patrimoine indéniable qui attend d’être retrouvé et valorisé.
L’équipe de Mémoire Musicale des Camps a des dizaines de pistes à suivre et chaque jour perdu réduit les chances de trouver de nouvelles composition et de les restituer à la mémoire collective humaine.
« Notre travail devient de plus en plus urgent car la dernière génération de survivants disparaît rapidement et même celle de leurs enfants. C’est pourquoi Mémoire Musicale des Camps s’est constituée comme association partenaire de la « Fondazione Istituto di Letteratura Musicale Concentrazionaria » pour donner un nouvel élan aux recherches en France, en Belgique et dans les pays francophones.
Nous avons besoin de l’aide de bénévoles pour renforcer l’association et du soutien de partenaires institutionnels pour financer les recherches. »
La musique des camps est la « voix » encore vivante des personnes discriminées, persécutées, emprisonnées, déportées, mortes… Elle est celle de musiciens professionnels ou amateurs, à la célébrité mondiale, locale ou d’amateurs inconnus. Ils venaient de toute origine professionnelle, artistique, sociale, religieuse et nationale : juifs, chrétiens, Sintis, Roms, Sorabes, Circassiens, Euskaldunak ou Basques, Soufis, Bahá’ís, Quakers, témoins de Jéhovah, communistes, handicapés, homosexuels, prisonniers civils et militaires.
Ils étaient dans des camps d’internement transitoire (Pithiviers comme Izrael Cendorf et Mendel Zemelman…, Beaune la Rotonde…, comme Ralph Erwin…), dans des Stalags (comme Olivier Messiaen…) dans des Oflag (comme Georges Flageollet…), dans les camps de concentration, de travail forcé, d’extermination (comme Emile Kaçmann…). La musique les a aidés à faire face à la douleur physique et émotionnelle et à combattre la maladie et l’inconfort. Elle a créé liens et solidarité entre des personnes souvent profondément différentes. La douleur, l’espoir et parfois même la prière étaient confiés à leur musique.
… a permis à des musiques de franchir la limite des barbelés des camps, en étant collectées, archivées, jouées, enregistrées. Cet archivage de documents s’intègre dans l’édition de l’Encyclopedia Thesaurus Musicae Concentrationariae, une œuvre monumentale en plusieurs volumes, en préparation.
A ce jour, plus de 25 CD de musique des camps ont été enregistrés :