André Ameller (Stalag XIII A)
Bulent Aris (Stalag IV A)
Au Stalag IVB Mühlberg, le compositeur et accordéoniste français Bulent Aris dit Aris a écrit la chanson Les plus Beaux Jours du 19 novembre 1941 sur un texte du parolier et éditeur français Daverdain ; la chanson a été publiée en 1943 par Paul Beuscher de Paris.
René Beaux (Stalag VIII C)
Au Stalag, le compositeur René Beaux écrivit La Saganaise (Chant d’espoir des prisonniers) pour voix d’homme (ou chœur) et orchestre sur un texte de René Martin et qui devint bientôt l’hymne du Stalag interprété au début de chaque spectacle et repris en chœur par les spectateurs, il écrit aussi Veillée de Noël, Evasion et La marche des Fol’s Sag sur des textes de Jean de Lébrijes ; le 16 décembre 1940 à l’hôpital du Stalag, lors du concert du Gala de la chanson française, Fol’s Sag’s Jazz (le groupe de jazz des Fol’s Sag) interprète des arrangements de Beaux et de ses nouvelles œuvres.
Dans le cadre du projet La gloire de l’esprit français consacré aux colonies françaises d’Indochine, d’Afrique et des Territoires d’outre-mer, Fol’s Sag’s a mis en scène la pièce musicale Sketch colonial de l’altiste André Serret orchestrée par Bernard Sorensen (Serret a été rapatrié en 1942), le 21 novembre 1942 il réalise la revue de music-hall en deux actes et 18 tableaux On r’verra créée et mise en scène par le musicien, comédien et metteur en scène l’abbé René Lafforgue ; libéré le 8 février 1945 et de retour à Paris, Lafforgue quitte sa carrière religieuse pour poursuivre sa carrière théâtral
Fernand Carion (Stalag VIII A)
Le Belge Fernand Carion termine ses études musicales au Conservatoire de Mons et au Conservatoire Royal de Bruxelles, il débute sa carrière de compositeur en écrivant de la musique militaire dans le 1er Régiment de Grenadiers, en 1930 il devient clarinettiste soliste à la Musique Royale des Guides ; en 1940 il est fait prisonnier et interné au Stalag VIIIA de Görlitz, il dirige l’orchestre du théâtre Lazarette du Stalag, ses camarades lui donnent le surnom de Carillon.
Au Stalag, il écrit Marche du Stalag VIIIA et La chanson des deux aveugles pour la comédie Les deux aveugles écrite par le prisonnier français naturalisé russe Georges Pachkoff et mise en scène au même théâtre en 1942; après la guerre il assume le poste de professeur d’harmonie et de direction d’orchestre au Conservatoire Royal de Mons, il est directeur artistique de la Royale Philharmonie de Quaregnon, parmi ses oeuvres Étude de virtuosité pour clarinette, Esquisses poétiques et Ballades pour piano, Trois poèmes d’Émile Verhaeren pour voix d’homme et piano, il a également écrit la Marche officielle de la Wallonie pour orchestre à vent.
Paul Challine (Oflag II B)
de 1919 à 1931, est organiste à la cathédrale d’Orléans, étudie l’instrumentation et l’orchestration avec Piéro Coppola à l’École normale de musique de Paris, écrit plusieurs œuvres de chambre jouées à Paris dans les Concerts Pasdeloup, Le Triptyque, par l’ORTF et par le Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris ; en juin 1940 il est fait prisonnier et interné à l’Oflag IIB Arnswalde, le 28 juillet 1940 il se produit comme pianiste dans un récital de musique romantique à l’Oflag Block II, dirige l’orchestre francophone, écrit la comédie musicale La Reine s’ennuie, Sonates pour violon et piano, musique de scène de Fabliau, Quatuor pour violon, clarinette, violoncelle et piano, Quintette pour flûte et cordes et Concerto pour violon et orchestre ; ensuite interné à l’Oflag IID Groß-Born, il forme le groupe instrumental Petit ensemble Challine, remporte après la guerre le concours de secrétaire à la Conférence des Avocats au Conseil d’État et à la Cour de Cassation et entreprend une carrière juridique tout en poursuivant l’activité de compositeur, décédé en février 1994.
Paul Chennevier (Stalag IX A)
Engagé volontaire en 1939, il a 18 ans, Paul Chenevier fut fait prisonnier le 14 juin 1940 et connut une captivité extrêmement éprouvante jusqu’en 1945.
Affecté au Stalag IX A, il est en réalité soumis à la dure discipline des kommandos de travail en usines et sera déplacé à plusieurs reprises, à Schwarzenborn, Siegen, Deuz.
Il décrit très bien, dans ses mémoires de captivité (voir le lien ci-dessous) comment la musique l’a soutenu, en jouant de la clarinette et en composant des mélodies.
Parmi ses compositions, citons « la marche du kommando 405 », « conseils à l’enfant blond », « Retour au kommando » (paroles René Demiet), les « marches du kommando 1350 » et « 1404 » (paroles André Marec), un « pasodoble pour clarinette » et la « valse, retour à la liberté ».
Emile Damais (Stalag II B)
Sonate, violon
Appassionato, contrebasse et piano
Quatuor à cordes
Esquisse symphonique, saxophone et orchestre
5 Divertissements, saxophone alto en Mib
Passion selon Saint-Mathieu, oratorio
Le Chemin de la Croix, chœurs mixtes, grand orchestre, soprano solo, ténor solo, basse et récitant
Pièces pour orgue
Marcel Dautremer (Stalag II A)
Georges Flageollet (Oflag II B)
Nocturne, orchestre
Triptyque, orchestre
Max de Foucaud (Oflag VI A, puis Oflag VI D, puis Stalag I A)
Volontaire enrôlé le 21 septembre 1939 comme officier de réserve, en juin 1940 le compositeur Max De Foucaud est fait prisonnier et interné à l’Oflag VIA Soest, au Stalag VID Dortmund et enfin en mars 1941 au Stalag IA Stablack, fin 1941 tombe malade de dysenterie et de pleurésie; a écrit Nocturne pour piano, Nocturne pour flûte et piano, Prélude pour flûte, violoncelle et orgue ou piano, Élévation de l’esprit pour violon, violoncelle et orgue, Élévation de l’esprit pour violon et orgue, la suite pour piano Solitudes (au 2 e mouvement est écrit pour deux pianos), le poème symphonique Hantise, le 1er mouvement du Concerto Quo vadis? pour piano et orchestre (achevé après la guerre), Symphonie Mystérieuse pour orchestre.
Fin 1942, il s’évade de l’Oflag, rentre à Paris, rencontre le compositeur français de musique de film Georges van Parys avec qui il collabore à la rédaction des partitions de nombreux films d’Henri Decoin, Albert Valentin, Leo Jannon et d’autres, termine l’écriture des œuvres pas terminé en captivité; fin 1943 il quitte Paris et s’installe à Chinon où il participe à la Résistance, en 1962 suite à une paralysie arthritique – séquelles de captivité – il perd partiellement l’usage de ses doigts, il décède en mars 1992.
Raymond Gallois-Montbrun
Né en 1918 à Saigon (aujourd’hui Hồ Chí Minh, Vietnam), étudie le violon avec Firmin Touche et la composition avec Henri Büsser au Conservatoire de Paris, interrompt ses études à cause de la guerre et est enrôlé dans l’armée mais en juin 1940 il est fait prisonnier et interné à l’Oflag XB ; a écrit Trois mélodies pour voix et piano, Prélude pour hautbois et piano, Préludes pour piano, Entr’actes symphoniques pour orchestre.
Libéré l’année suivante, il remporte en 1944 le Prix de Rome avec la cantate Louise de la Miséricorde, en tant que violoniste il forme un célèbre duo avec le pianiste Pierre Sancan, de 1952 à 1954 il étudie le violon et la composition à l’Institut Français de Tokyo , en 1957 il prend la direction du Conservatoire de Versailles et cinq ans plus tard du Conservatoire de Paris, en 1980 il devient membre de l’Académie des Beaux-Arts de Paris et de 1983 à 1992 il est directeur du Concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud; parmi ses oeuvres 12 Études-Caprices pour violon, Tableaux Indochinois pour quatuor à cordes, Concerto pour violon et orchestre, Sonate pour piano, Symphonie japonaise, la pièce radiophonique Le Rossignol et l’Empereur sur un livret de Philippe Soupault, il décède en août 1994 à la fin d’une douloureuse maladie.
Philippe Gordien (Oflag X B)
militaire de carrière, est fait prisonnier en 1940 et interné à l’Oflag XB, il est ami et disciple d’Emile Goué dont il reçoit une formation musicale, écrit Fugue pour piano et dirige un chœur d’hommes amateurs ; à l’Oflag, le capitaine Fernand Moisson crée la chanson Fleur de Gamelle en octobre 1940 sur un texte du sous-lieutenant [?] Secheresse.
En juin 1940 à Altenburg (Thüringen), à 45 km au sud de Leipzig, le Reich ouvre le IVE Stalag pour l’internement des prisonniers de guerre français, à la mi-avril 1945 le Stalag est libéré par les troupes américaines ; à l’occasion de la Pâque chrétienne de 1942, le chœur et l’orchestre français interprètent au Stalag la Messe de la Consolation et de l’Espoir écrite par Jean Lashermes.
En décembre 1939, le Reich inaugure le Stalag IIIB Fürstenberg an der Oder (aujourd’hui Eisenhüttenstadt, Allemagne) dans le Brandebourg.Des prisonniers de guerre belges, tchèques, français, hollandais, polonais, roumains, soviétiques, américains, des internés militaires italiens sont internés ; Les déportés juifs ont été transférés dans un secteur séparé du Stalag, en février 1945 par les troupes soviétiques.
Emile Goué (Oflag X B)
Emile Goué était versé à la fois dans les études musicales et universitaires et scientifiques, en 1921 il obtient une licence en sciences et philosophie, en 1924 il approfondit ses études de composition avec Charles Koechlin et Albert Roussel, en 1927 il épouse Yvonne Burg avec qui il avait trois enfants; de 1930 à 1935 il occupe le poste de professeur de physique au lycée Michel de Montaigne à Bordeaux, à Paris de 1935 à 1939 au lycée Buffon et en 1939 aux cours supérieurs du lycée Louis-le-Grand, chaire inoccupée en cause du déclenchement de la guerre.
Parmi les oeuvres majeures de l’avant-guerre : Symphonie n.1, Psaume XIII pour ténor, chœur mixte et orchestre, l’action musicale Wanda en 2 actes (l’auteur a obtenu des extraits symphoniques en 3 parties), Notre Père pour soprano et orgue , L’Offrande sous les nuages pour soprano et piano, La chanson des yeux de ma Mie et Chant de l’âme navrée pour ténor et piano, Trois Chansons sur la pluie pour voix et piano, Deux nocturnes, Pénombres et Sonates pour piano .
Au début de la guerre, il est enrôlé comme lieutenant d’artillerie, en juin 1940, il est fait prisonnier et interné à l’Oflag XB ; a écrit des oeuvres d’une maturité artistique incomparable comme Ambiances (2ème suite), Préhistoires, 2 Impromptus pour piano, 3ème petite suite facile pour piano (perdu), les monumentales pages piano sur le modèle des oeuvres homologues de César Franck Prélude, Choral et Fugue et Prélude, Aria et Final pour piano, Sonates pour violon et piano, Nuits de velours que rehaussent les clairs de lune pour ténor et piano, Trois Poèmes de Rainer Maria Rilke pour soprano et piano, Trois mélodies pour soprano et quatuor à cordes, Duo pour violon et violoncelle, Quintette pour piano et cordes, 2ème et 3ème Quatuor à cordes (achevé après-guerre), Trois pièces faciles pour quatuor à cordes, Sextuor pour deux violons, deux altos et deux violoncelles, Ballade pour soprano, quatuor vocal, quatuor pour cordes et piano, Deux mélodies pour contralto et orchestre, Pénombres pour orchestre, Désinvolture pour orchestre de jazz (incomplet), Concerto pour piano et orchestre, 2ème Symphonie pour violon solo et orchestre (créée les 6-7-8 novembre 1943 avec un 150- pièce d’orchestre, chef d’orchestre l’auteur, violon solo Jean Robin), Esquisse pour un paysage vu du mont Coudreau pour orchestre, Psaume CXXIII pour ténor, chœur d’hommes et orchestre de chambre, la suite orchestrale Macbeth, musique de scène de l’UBU Roi (partiellement récupérée),musique de scène de de Volpone (perdu), L’Apotre ossia un oratorio mimé (incomplet), à monter en deux jours pour voix et orchestre, Renaissance ossia un oratorio mimé sur un texte de René Christian-Frogé, une œuvre magistrale pour la modernité de l’instrumentation et du langage scénique.
Doté d’une vocation naturelle didactique et pédagogique, outre son activité de compositeur il organise des conférences, des cours de physique, à partir de novembre 1940 des conférences intitulées l’Histoire de la Musique des origines à nos jours, des cours d’harmonie, de contrepoint et de fugue, 20 cours d’esthétique musicale et d’histoire de la Symphonie, il s’occupe de diverses mises en scène et de l’éducation musicale des musiciens détenus (les Trois pièces faciles sont spécialement écrites pour un quatuor à cordes amateur), rédige un traité d’esthétique musicale et un manuel d’écriture musicale ; avec la collaboration de son élève et ami prisonnier de guerre Philippe Gordien, il monte un orchestre de 50 musiciens et un chœur de prisonniers grâce auxquels il interprète des œuvres des polyphonistes franco-flamands, L.v. Beethoven, WA Mozart, C. Franck, A. Roussel, A. Honegger.
Libéré en mai 1945, il rentre à Paris physiquement affaibli, il se consacre à nouveau à la composition et à l’enseignement secondaire ; le 1er octobre 1945, il prend ses fonctions au lycée Louis-le-Grand à Paris, achève la rédaction de Thème et Variations pour piano (la structure avait été esquissée à l’Oflag) et achève une orchestration monumentale d’Esquisse pour une inscription sur une stèle, interprétée en 1947 par l’Orchestre philharmonique de Bordeaux.
En raison d’une grave infection pulmonaire – séquelles de captivité militaire – il est hospitalisé au sanatorium universitaire de Neufmoutiers-en-Brie, il décède en octobre 1946 ; sa mort prématurée constitue une grave perte pour le développement des dialectiques post-franckiennes et polymodales ainsi que des langues néo-Renaissance dans le panorama musical contemporain.
Yves Haguenauer (Oflag ?)
Yves Haguenauer est né le 31 août 1918 à Saint-Quay-Portrieux, en Bretagne, loin de Paris où résidait habituellement sa famille.
Très tôt, il s’initie au piano. Doué et passionné, il aurait pu s’y consacrer pleinement, mais ses parents souhaitant qu’il poursuive une scolarité normale, la carrière musicale s’efface devant un avenir professionnel plus classique et il entre en 1937 à l’école de commerce HEC. Parallèlement, il crée une petite formation de jazz.
Comme tant d’autres soldats français, il est fait prisonnier en juin 1940. Officier, il est envoyé dans un Oflag (un camp où sont retenus les officiers). Bien qu’enfermé dans une baraque réservée aux Juifs et aux communistes repérés, et malgré d’innombrables tentatives d’évasion, qui lui valurent d’être traduit deux fois en conseil de guerre par les Allemands et d’être relégué, des mois durant, en forteresse, il put travailler son piano, donner des concerts et composer : outre un Interlude pour piano, il mit en musique un poème de Baudelaire (Parfum exotique) et deux poèmes de Georges Elghozi, proche compagnon de captivité (J’écris ces mots et Image).
Libéré en mai 1945 par les Anglais, il entre comme directeur commercial dans l’usine fondée par son père. Parallèlement, il travaille son piano et pratique la musique de chambre. Il encourage son fils, puis plus tard un de ses petits-fils, à suivre leur vocation de musicien. Et il se battra, jusqu’à son décès, le 16 janvier 2005 à Paris, pour aider des musiciens victimes de régimes autoritaires. Ainsi, il milita sans relâche, de 1977 à 1980 pour extraire le pianiste argentin Miguel Angel Estrella des geôles de la dictature uruguayenne ; et il aida plusieurs musiciens Juifs russes refuzniks, retenus contre leur gré en Union soviétique, à émigrer dans le pays de leur choix.
Pierre Hardouin (Oflag X B)
Au début de la guerre, le claveciniste, organiste, musicologue et organologue français , ami et élève de Paul Brunold, organiste titulaire de l’église Saint-Gervais à Paris, est inscrit mais en juin 1940 il est fait prisonnier et interné à l’Oflag XB, a participé à l’activité artistique-musicale de l’Oflag; en 1948 il succède à Brunold à l’orgue de Saint-Gervais auquel il consacre une vaste monographie publiée en 1949, pendant plus de 30 ans il est rédacteur en chef de la revue Connaissance de l’Orgue, décédé en 2008 dans Les Sables-d’Olonne.
Jacques Hélian (Stalag VI F)
René Herbin (Stalag X B puis XVII A)
René Herbin est né à Vitry-le François en 1911, et mort dans un accident d’avion au Mont Cenet, le 1er septembre 1953.
Il est mobilisé en1939. Fait prisonnier, il reste 5 ans en captivité. Il est d’abord interné au Stalag XB à Hambourg. Après la destruction de Hambourg par les bombardements, il est transféré au Stalag XVII A. Il fait aussi un séjour à l’Oflag XVII A, quoi que n’étant pas officier, mais à la demande d’officiers pour participer aux concerts.
René Herbin note sur un carnet les idées musicales qui sont la source de nombreuses œuvres qu’il compose au Stalag : la Sonate pour violon et piano, Deïrdre des Douleurs pour orchestre de chambre, la Sonate pour piano, Album d’images, Préludes baroques …
De retour à Paris en 1945, il reprend le cours de sa carrière et se marie. En 1949 il crée son Quatuor avec piano avec le Trio Pasquier. Il reçoit des commandes de l’État et de la Radio pour lesquelles il compose les Trois Songes pour orchestre (1951) et le Concerto pour piano (1952) créé par Vlado Perlemuter en 1956.
En 1952-1953 il accompagne le violoniste Jacques Thibaud dans certains de ses concerts. Ils sont victimes d’un accident d’avion au-dessus du Mont Cernet le 1er Septembre 1953 alors qu’il allaient en tournée en Asie.
Emile Kaçmann (Auschwitz)
Wally Karveno (camp d’internement de Gurs, Pyrénées atlantiques)
Concertino op. 28, pour piano et orchestre
Robert Lannoy (Stalag XVII B, puis XIII B)
Robert Lannoy étudie aux Conservatoires de Valenciennes et de Paris, en juin 1940 il est fait prisonnier et interné dans un camp non identifié entre le Reichsprotektorat et la Slovaquie, il s’évade mais est repris à Bayreuth et transféré au Stalag 325 Rawa-Ruska ; en 1942, il écrit des arrangements pour chœur et orchestre de L’amour de moi, Marche des soldats de Turenne, Roule donc, J’aimerai bien apprendre au monde, Dans l’cul! (Hymne de Rawa-Ruska), a écrit et mis en scène le ballet-mime Pygmalion, a de nouveau tenté de s’échapper et a donc été transféré en 1943 au Stalag 328 Lemberg et plus tard au Stalag XVIIB Krems-Gneixendorf.
Arrivé en 1943 au Stalag XVIIB de Krems-Gneixendorf, Lannoy assume le poste de Kapellmeister, met en scène le ballet-mime Pygmalion (écrit en Rawa-Ruska) et écrit Hortense, canapés-toi pour chœur d’hommes et piano, 2 mélodies sur un poème de Francis Carco pour voix et piano (perdu), Cantilène et danse pastorale pour orchestre, Deux Virelais du Moyen-Age pour soprano, flûte, clarinette et alto, un arrangement orchestral du Chant des déportés ; il a ensuite été transféré au Stalag XIIIB Weiden in der Oberpfalz..
Au Stalag XIIIB, Lannoy a écrit la partition de l’album Le Berceau (d’après un poème d’Albert Samain) pour piano et saxophone supplémentaire ; libéré en janvier 1945, il revient en France, à la demande des États-Unis. Army Signal Corps et l’US Office of War Information ont écrit la partition du documentaire d’Henri Cartier-Bresson Le Retour sur le rapatriement des prisonniers de guerre et des déportés (orchestré par Roger Désormière), à la demande du compositeur français Henri Dutilleux qu’il a écrit pour le radio la musique de La légende des pays alliés de Louise de Vilmorin.
En 1946 il obtient la deuxième place du Prix de Rome avec la cantate Le jeu de l’amour et du Hasard qui lui vaut le poste de directeur du Conservatoire de Lille, il épouse la pianiste Lola Delwarde ; parmi ses œuvres Balade de l’épinette amoureuse pour quatuor vocal féminin et quatuor à vent, Lamento Ukrainien pour orchestre, le ballet-mime Le Roman de La Rose pour orchestre de chambre, l’oratorio Les prophéties pour narrateur, chœur et orchestre.
Jean Lashermes (Stalag VI A)
Messe de la Consolation et de l’Espoir, pour chœur d’hommes et orgue
Emile Lesieur (Stalag XVII A)
André Losay (Stalag III B)
Né en 1913 à Fécamp. 1933, entre au Grand Séminaire de Rouen, à partir de 1934 il se rapproche du mouvement catholique de jeunesse Cœurs Vaillants. Ordonné prêtre en 1937. En janvier 1939 il écrit Prière pour la paix ; au début de la guerre, il est enrôlé comme caporal-infirmier. Le 21 juin 1940, il est fait prisonnier à Brû (Vosges) et interné au Stalag IIIB Fürstenberg an der Oder.
André Losay a écrit des chansons d’inspiration religieuse ou patriotique rassemblées dans un cahier illustré par son compagnon d’armes Albert Mairy, à citer « Un métier pas fameux », « Seigneur c’est donc bien vrai que je suis prisonnier », » Te revoir, ô, ma patrie » (sur un air chanté par des prisonniers de guerre polonais) et « Victoire tu règneras, ô Croix tu nous sauveras » très populaire et encore chanté dans de nombreuses langues ; rapatrié en février 1941, il rassemblera, avant sa mort en 1984, ses œuvres en deux volumes intitulés Semper laus ejus.
Jean Martinon (Stalag XI A)
Absolve Domine, motet pour 4 voix d’hommes et orchestre op. 30
Appel de parfums, chœur à 4 voix d’hommes op. 28 no. 2
Divertissement, orchestre
Humanité (Les Soirs), chant et piano op.12
Motet pour quatre voix mixtes op.28 no.4
Musique d’exil op.31, orchestre
Paysage antérieur, chant et piano op.25 no.1
Psaume 136 (Chant des captifs), chant et piano avec chœurs op.33
Romance bleue, rapsodie de concert pour violon solo et orchestre
Olivier Messiaen (stalag VIII A)
Né en 1919,il entreprend des études d’histoire de la musique avec Maurice Emmanuel, d’orgue avec Marcel Dupré, de composition avec Charles-Marie Widor et Paul Dukas au Conservatoire de Paris ; en 1931 il assume le poste d’organiste titulaire de l’église de la Sainte-Trinité à Paris, en 1932 il épouse la violoniste et compositrice Louise Justine « Claire » Delbos, Justine décède en 1959 des séquelles d’une opération au cerveau.
En 1936, il fonde avec André Jolivet, Jean-Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier le groupe La Jeune France en opposition à l’esthétique artiste-musicale promue par Jean Cocteau et Igor Stravinsky ; à partir de 1939, il assume le poste de professeur de lecture de partition à l’École normale de musique de Paris et d’improvisation à l’orgue à la Schola Cantorum de Paris mais en 1940, suite au déclenchement de la guerre, il est enrôlé dans l’armée comme auxiliaire médical bien que précédemment réformé en raison de problèmes de vision.
Fait prisonnier à Verdun en 1940, il est interné au Stalag VIIIA Görlitz, entre fin 1940 et janvier 1941 il écrit Abîme des Oiseaux pour le clarinettiste juif algérien Henri Akoka et un trio pour le violoniste Jean le Boulaire, Akoka et le violoncelliste Étienne Pasquier ; avec l’intégration d’un piano, il a écrit les parties restantes du célèbre Quatuor pour la fin du temps pour clarinette, violon, violoncelle et piano dans lequel Abîme des Oiseaux et le trio intitulé Intermède ont fusionné.
Le Quatuor pour la fin du temps en 8 mouvements est joué le 15 janvier 1941 dans un parvis du Stalag sur des instruments de musique précaires par le même auteur au piano, Henri Akoka à la clarinette, Jean le Boulaire au violon et Étienne Pasquier au le violoncelle devant 400 personnes entre prisonniers de guerre et gardes allemands ; la fin du temps annoncée dans le titre de l’ouvrage fait référence à des scènes du livre néotestamentaire de l’Apocalypse citées par l’auteur dans la préface de l’ouvrage ainsi qu’évoquées dans les titres des pièces et dans les notes dédicacées accompagnant les passages du Quatuor (Vocalise, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps, Louange à l’Éternité de Jésus, Danse de la fureur, pour les sept trompettes, Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps e Loange à l’Immortalité de Jésus) mais fait également référence à la fin de la conception conventionnelle du tempo musical, Messiaen estimant que les structures rythmiques et métriques traditionnelles étaient désormais insuffisantes pour ses besoins créatifs et expressifs et donc proches de étant obsolète.
Libéré en mai 1941, il reprend ses fonctions d’organiste à l’église de la Sainte-Trinité et devient professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris (en 1966 il occupe la chaire de composition), en 1944 il écrit Visions de l’Amen pour deux pianos, Vingt regards sur l’enfant-Jésus pour piano et Trois petites liturgies de la Présence divine pour chœur de femmes et orchestre ; au mythe de Tristan et Isolt il dédie Harawi pour soprano et piano, Turangalîla-Simphonie pour piano, Martenot waves et orchestre (création en 1949 par le Boston Symphony Orchestra dirigé par Leonard Bernstein) et Cinq rechants pour 12 voix mixtes a capella.
Parmi ses œuvres figurent Sept haïkaï pour piano et petit orchestre, Couleurs de la cité céleste pour vents et percussions, La Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ pour chœur mixte, sept instruments solistes et orchestre, Des canyons aux étoiles… pour orchestre et quatre instruments solistes, l’œuvre en trois actes Saint-François d’Assise pour sept voix solistes, chœur mixte et orchestre, Livre du Saint Sacrement pour orgue, il épouse en 1961 la pianiste Yvonne Loriod, déjà son élève.
Ornithologue passionné, il enregistre le chant de nombreux oiseaux, les retranscrit pour piano ou orchestre, les intègre dans ses œuvres et écrit à cet effet des œuvres magistrales, comme Réveil des oiseaux pour orchestre, Oiseaux exotiques pour piano et orchestre de chambre, Catalogue d’oiseaux pour piano; décédé à l’hôpital de Clichy en avril 1992.
Robert Osmont (Oflag VI D)
À l’Oflag, le compositeur français Robert Osmont a écrit Quatuor pour quatuor à cordes avec flûte supplémentaire et Quintette pour piano et quatuor à cordes ; Osmont est mort à Toulouse en 1993.
Tony Poncet (Stalag VII A)
Maurice Soret (Stalag III A)
Au Stalag, le chef d’orchestre et compositeur français Maurice Soret, ancien chef d’orchestre de la Radio PTT-Nord, a écrit la Symphonie Rêve de France jouée au Campo en 1941 ; après la guerre, Soret devient chef d’orchestre de la radio de Lille, il décède en 1961.
René Thimonnier (Oflag II B)
Messe brève, pour orgue et chœur d’hommes
Hommage à Jeanne d’Arc, cantata
Héroïde funèbre
Sonate d’été, violon et piano
Maurice Thiriet (Stalag IX A)
Jean Vicherat, dit Jean de Lébrijes (Stalag VIII C)
A partir du 5 juillet 1940, une riche activité musicale et théâtrale francophone se développe dans le Bloc 11 et le Bloc 23 du Stalag, les prisonniers de guerre français forment le groupe théâtral et orchestral Les Folies Saganaises – aussi appelé Fol’s Sags – sous la direction artistique de Léon Tille (rapatrié en 1942, il s’illustre sous le nom de scène de clown Kick dans le trio de cirque Kick, Zazou et Dadar) et dirigé par Jean Vicherat dit Jean de Lébrijes qui écrivit de la musique ainsi que des textes poétiques et chantants pour les productions de Fol’s Sags, parmi ses œuvres musicales la comédie en un acte Tertulia Sevillana avec l’accompagnement de trois instruments ; en 1942 Jean de Lébrijes est rapatrié, remplacé dans la direction et la direction de Fol’s Sag’s par Georges Feursinger.
Michel Warlop (Stalag IX A)
Mendel Zemelman (Pithiviers)